L’architecture religieuse et monastique

L’architecture religieuse et monastique dans le nord de la France et régions limitrophes (XIe – XIIIe siècles) : conception, réalisation et transfert

Colloque international

Université Lille-SHS — Université d’Artois
11, 12 et 13 octobre 2018

Appel à communications

Argumentaire

Dans le nord de la France, « […] non seulement il n’y est pas question de monuments de transition, mais ceux du treizième y sont tout à fait inconnus […]. Généralement parlant, un édifice de cent cinquante ans est, dans ce pays, une sorte de rareté […] », telle était l’opinion formulée par Ludovic Vitet en 1831. Les travaux de synthèse de Pierre Héliot sur les églises du Pas-de-Calais au début des années 1950 puis de Jacques Thiébaut sur le Nord montraient bien que cette idée ne pouvait être admise. Certes nombreux sont les grands monuments qui ont disparu, victimes de la Révolution et des conflits, mais il est nécessaire de se pencher de nouveau sur ceux qui subsistent et ceux révélés par les fouilles. En effet, la multiplication des chantiers, l’appropriation de l’archéologie du bâti par l’historien de l’architecture, l’apport des méthodes de datation (dendrochronologie, C14) et la relecture des sources renouvellent nos connaissances. Les travaux récents, parfois confidentiels, méritent d’être valorisés et partagés devant un large public. Leur présentation sera l’occasion d’échanger et de faire le point sur les nouveaux acquis et les perspectives de recherche.

Dans ce colloque le choix est porté sur l’architecture religieuse et monastique entre le début du XIe siècle et le début du XIIIe siècle dans la partie septentrionale de l’ancienne province ecclésiastique de Reims (diocèses de Thérouanne, Tournai, Arras et Cambrai), qui s’étendait bien au-delà des limites actuelles du nord de la France. À cette époque, l’activité constructrice est féconde :il s’agit soit de reconstructions sur des sites existants, comme pour les cathédrales d’Arras ou de Cambrai, ou les abbayes, telle Saint-Bertin de Saint-Omer, soit de nouvelles implantations, qui sont parfois l’œuvre de nouvelles communautés canoniales, qu’elles soient séculières (Saint-Omer de Lillers, Saint-Pierre de Lille ou Saint-Pierre d’Aire-sur-la-Lys) ou régulières (prémontrés à Dommartin), ou de nouvelles communautés monastiques, tels les cisterciens, par exemple. Qu’ils aient subsisté ou disparu, les monuments construits durant cette période révèlent le dynamisme de la création architecturale de cette vaste région, au carrefour de l’Europe du nord. Les routes commerciales favorisèrent les échanges entre le monde anglo-normand, le royaume de France et le comté de Champagne, via le Vermandois. Les voies fluviales, dont l’Escaut, frontière naturelle entre le Saint Empire romain germanique et la Flandre, fut un axe majeur, permirent notamment la circulation de matériaux, accompagnée des transferts des formes et des techniques.

Le thème retenu, l’architecture religieuse et monastique, implique que l’édifice de culte ne soit pas l’objet d’étude exclusif, mais que la présentation et l’analyse des autres bâtiments de la vie communautaire, trop souvent négligés, aient toute leur place ici. La périodisation définie permettra de s’intéresser autant aux édifices romans qu’à ceux des premiers temps du gothique. Il s’agira alors de s’interroger sur la continuité de certains partis architecturaux associés à des références formelles nouvelles et de mieux apprécier la première architecture gothique dans cette région.

Cet appel à communications invite les chercheurs, d’horizons différents – historiens, historiens de l’architecture et archéologues –, à réfléchir à cette histoire de l’architecture et de la construction au cours de cette période marquée par des innovations à la fois conceptuelles et techniques. Il conviendra de s’intéresser tout autant au transfert des pratiques constructives qu’à celui des formes qui conduisirent à ce nouvel art de bâtir. Ainsi, par exemple, il s’agira de réenvisager le lien entre, d’une part, le perfectionnement de la taille de la pierre, le développement du moyen appareil régulier, l’extension de la voûte d’ogives et la rationalisation de certains procédés de construction et, d’autre part, l’émergence de nouveaux modèles de la première architecture gothique dès le dernier tiers du XIIe siècle sur ce territoire.

Les propositions pourront traiter, par le biais de la monographie ou de façon thématique, des sujets portant sur le projet architectural, le commanditaire et le maître d’œuvre, les usages, le choix des matériaux et leur mise en œuvre, l’évolution des techniques, le décor monumental, entre autres.

Chaque communication durera de 25 à 30 min. (en fonction du nombre de participants) et sera suivie d’une discussion avec les auditeurs et les autres acteurs de la séance.

Calendrier
1er décembre 2017 : Date limite de soumission des propositions de communication – titre, bref résumé (500
mots) – et court CV à envoyer à : sandrine.conan40@orange.fr et delphine.hanquiez@univ-artois.fr
31 mars 2018 : Envoi des notifications par le comité scientifique
11-13 octobre 2018 : Colloque
15 décembre 2018 : Date limite de remise des articles pour publication.

Organisation et coordination
– Sandrine Conan
– Delphine Hanquiez

Comité scientifique
– Anne Baud, professeur d’archéologie, Univ. Lyon 2, UMR 5138 – ARAR
– Sandrine Conan, archéologue du bâti, doctorante en histoire de l’art médiéval, IRHiS – UMR 8529 (Univ. Lille, CNRS)
– Delphine Hanquiez, maître de conférences en histoire de l’art médiéval, Univ. Artois, EA 4027 – CREHS
– Mathieu Piavaux, professeur d’histoire de l’art médiéval, Univ. Namur, AcanthuM
– Philippe Plagnieux, professeur d’histoire de l’art médiéval, Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne, EA 4100 – HiCSA
– Jeroen Westerman, services des monuments historiques de Gueldre (Gelderland, Pays-Bas), docteur ès lettres, Univ. Leiden

Ce colloque bénéficie du parrainage de la Société Française d’Archéologie.