Cultures constructives vernaculaires et résilience

Cultures constructives vernaculaires et résilience. Entre savoir, pratique et technique : appréhender le vernaculaire en tant que génie du lieu et génie parasinistre.
Par Annalisa Caimi,
Thèse de doctorat en architecture, soutenue le 8 avril 2014 à l’ENSA Grenoble, École Doctorale « Science de l’Homme du Politique et du Territoire » (Université de Grenoble).
Sous la direction du professeur Hubert Guillaud et du maître assistant associé Philippe Garnier (laboratoire Craterre – unité AE&CC)
Jury : Mme Mariana Correia, Professeur docteur, Escola Superior Gallaecia (Portugal), Mme Isabelle Milbert, Professeur docteur, Institut des Hautes Études Internationales et du Développement (Suisse), M. Ferruccio Ferrigni, Professeur, Università degli Studi Federico II (Italie) et Mme Corinne Treherne, Architecte, Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Suisse).
 
Résumé : Dans les régions exposées à des aléas naturels, une large partie des bâtiments composant l’environnement construit sont réalisés presque exclusivement sur la base de l’expérience et de l’observation des bâtisseurs locaux, sans l’appui d’un architecte ou d’un ingénieur. Les communautés installées dans ces zones ont développé, au fil du temps, une multitude de stratégies pour co‐habiter avec ces phénomènes, incluant des comportements sociaux et des approches de construction visant à prévenir et/ou à limiter l’exposition du bâti et de ses habitants. En fait, les constructeurs ont souvent intégré la présence et les caractéristiques locales des aléas naturels dans leurs pratiques quotidiennes, élaborant des détails et des dispositions constructives particulières pour réduire la vulnérabilité des artefacts et du milieu bâti.
Le concept de culture constructive embrasse la dimension sociale et technique de l’acte de construire et du processus d’élaboration des savoirs et savoir‐faire qui lui sont inhérents, reflétant intrinsèquement la multiplicité des sociétés humaines et leur enracinement indissoluble au territoire qu’elles habitent. Le vernaculaire en tant que caractérisation des modes de bâtir, d’habiter et de se protéger se révèle par ce fait une source précieuse de pratiques, techniques et mesures, testées au cours des siècles et des multiples aléas, pour la construction d’environnements bâtis durables, accessibles et sûrs.
Ce travail de recherche explore le potentiel présenté par les cultures constructives vernaculaires dans le renforcement de la résilience locale. Et cela à partir des pratiques ‐ constructives et comportementales ‐développées par les populations, groupes et individus habitant des contextes géographiquement exposés à des aléas naturels. Se fondant sur une forte interaction entre la théorie et la pratique, cette recherche entame une (re)découverte de l’ingéniosité intrinsèque à ces savoirs par le développement de deux axes thématiques. L’un investigue les dispositions et les dispositifs vernaculaires à caractère parasinistre ayant démontré leur efficacité à réduire la vulnérabilité de l’environnement construit envers différents types d’aléas naturels. L’autre axe questionne les modalités de leur identification et contribution directe au renforcement des capacités de populations et institutions dans la gestion des crises. À une analyse technique s’associe l’élaboration d’un outil méthodologique soutenant la mise en place d’une démarche de projet s’ancrant fortement aux spécificités contextuelles selon une logique de continuité, tant culturelle que de pratique, entre passé et futur, entre préparation et réponse aux catastrophes.