Le grès dans la construction médiévale et moderne entre Seine et Meuse

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De son extraction à sa mise en œuvre

Journée d’études
Université d’Artois, 3 juin 2022

Appel à communications

Argumentaire

Comme l’écrit M. E. Héren, dans l’introduction de son histoire du grès et de la gresserie en Picardie publiée en 1910 dans le tome VI des Mémoires de la Société des Antiquaires de la Picardie, l’étude de ce matériau « peut paraître banale ou, du moins, de peu d’importance […]. Existe-t-il, même, quelque ouvrage remarquable en grès ? » Dans les cas où une utilisation du grès a été repérée pour des parties d’édifices relativement anciennes (xie-xiie siècles, en Flandre et en Pévèle notamment), le traitement des parements a souvent pu être désigné de manière dépréciative, et qualifié de médiocre ou archaïque, et les recherches sur le matériau, à l’instar de celles d’Alain Salamagne sur la construction à Douai pour la fin du Moyen Âge, ont rarement été poussées plus avant. Pourtant l’usage du grès est une question fondamentale dans l’histoire de la construction médiévale et moderne dans les territoires considérés. Ces derniers recèlent des faciès différents (grès ferrugineux des Monts, grès mamelonnés, grès à nummulites de Pève, etc.) dont l’identification, la nature et les lieux d’extraction sont à préciser. Une analyse attentive du façonnage des pierres et de leur disposition dans les murs, tout comme la présence ou non de remplois ou de fragments de terre cuite architecturale gallo-romains ou de raidisseurs, conduit à affiner la chronologie des monuments étudiés et à proposer de nouvelles restitutions de leur état primitif. Par ailleurs, dans certaines zones, il est remarquable d’observer que le grès est utilisé en élévation sur une période relativement longue (jusqu’aux xive-xve siècles) alors que dans d’autres il est remplacé par le calcaire, façonné en petit et moyen appareils, sur un soubassement en grès (du xiie siècle à l’époque moderne), pour des raisons qui sont encore à mieux définir – épuisement des affleurements ou gisements locaux, nouvelles techniques d’extraction, approvisionnement des autres ressources facilité par les réseaux fluviaux notamment. Le grès reste parfois en usage pour les supports, avant d’être limité aux soubassements dans les constructions de l’époque moderne caractérisées par l’appareil mixte. Son façonnage est modifié au cours des siècles peut-être en interaction avec une meilleure qualité du métal des outils ou avec les autres matériaux.

Les ouvrages des éditions du CTHS (quatre volumes de Carrières et constructions en France et dans les pays limitrophes, publiés de 1990 à 2001, et Pierres du patrimoine européen, 2008), les actes des manifestations Pierre à Pierre initiées en 2015 par Karine Boulanger et Cédric Moulis en Lorraine et l’ouvrage récent de François Blary et Jean-Pierre Gély Pierres de construction, paru aux éditions du CTHS en 2020, notamment, illustrent l’intérêt porté aux matériaux de construction dans l’étude des édifices. Les données nouvelles nous conduisent à proposer une journée d’études sur le grès, matériau qui, à lui seul, ouvre bien des thèmes de recherche (propriétés des faciès ; variétés des usages ; localisation des lieux d’extraction ; diversité de la mise en œuvre ; choix du matériau ; spécialisation des tailleurs de pierre ; représentation dans l’iconographie). La question du matériau, de sa nature et de sa provenance, dans les travaux de restauration actuels mérite également d’être abordée.

C’est donc à la fois à travers les textes, les opérations archéologiques du sous-sol et des élévations, la géoarchéologie et l’analyse pétrographique que peut être envisagé le matériau entre Seine et Meuse, à travers des exemples issus à la fois de l’architecture civile, militaire et religieuse au Moyen Âge et à l’époque moderne.

Nous souhaitons ici inviter les chercheurs (géologues, archéologues, historiens, historiens de l’art, architectes du patrimoine) travaillant sur ces questions à déposer une proposition. Chaque communication durera de 25 à 30 mn (en fonction du nombre de participants) et sera suivie d’une discussion avec les auditeurs et les autres acteurs de la séance.

Calendrier

17 janvier 2022 : date limite de soumission des propositions de communication – titre, bref résumé (500 mots) – à envoyer à : sandrine.conan40@orange.fr et delphine.hanquiez@univ-artois.fr

18 février 2022 : envoi des notifications par le comité scientifique

3 juin 2022 : journée d’études

20 décembre 2022 : date limite de remise des articles pour publication.

Organisation

Sandrine Conan et Delphine Hanquiez

Comité scientifique

Laurence Baudoux (CREHS, Université d’Artois)

François Blary (CreA-Patrimoine, Université Libre de Bruxelles)

Sandrine Conan (membre associée CREHS, Université d’Artois)

Jean-Pierre Gély (membre associé LaMOP, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Delphine Hanquiez (CREHS, Université d’Artois)

Étienne Louis (membre associé IRHiS, Université de Lille)

Alain Salamagne (CESR, Université de Tours)