Geste lié à la vérification de l’assise de pose d’une pierre et de son équilibre sur le rang de dessous. L. Cagin – L. Nicolas, 2008 © (Association Une pierre sur l’autre)

Séminaire Histoire de la construction

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Organisé par

Le Centre de théorie et analyse du droit (CTAD)UMR 7074, CNRS -Université Paris Nanterre

Le Laboratoire Archéologie et Philologie d’Orient et d’Occident (UMR 8546, ENS-CNRS-EPHE) et

Le laboratoire Orient& Méditerranée. Textes Archéologie Histoire(UMR 8167, CNRS-Sorbonne Université-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) avec le soutien de l’EUR Translitteræ.

Mardi 18 mai 2021

de 9h30 à 12h

Gestes

Illustration : Geste lié à la vérification de l’assise de pose d’une pierre et de son équilibre sur le rang de dessous. L. Cagin – L. Nicolas, 2008 © (Association Une pierre sur l’autre)

Lieu: Ecole normale supérieure en visio-conférence

9h30 Introduction par Robert Carvais, CNRS -CTAD

9h45 Arnaud Coutelas, Chercheur associé à l’UMR 8546 AOROC (Paris)

Sur et dans le mortier : les traces laissées lors de la construction des salles de soutènement des thermes de Longeas (Chassenon, France)

10h45 Jean-Baptiste Javel, Doctorant moniteur à l’Université Bordeaux Montaigne

Tracer : Le geste en amont du geste -Réflexions autour des traces et tracés laissées par les bâtisseurs du Moyen Âge central en Aquitaine (XIe-XIIe siècles)

11h45 Revue de publications récentes en histoire de la construction

Résumés

Arnaud Coutelas est consultant en pétroarchéologie chez DTalents. Il a effectué une thèse en cotutelle dans les universités Paris 1 et Paris 6 sur le mortier de chaux en Gaule romaine, soutenue en 2003. Il a dirigé la publication de l’ouvrage Le mortier de chaux dans la collection Archéologiques. Chercheur associé à l’UMR 8546 AOROC (Paris), il est rattaché à l’équipe « La fabrique de la ville », dirigée par Hélène Dessales et Stéphane Verger. Il y développe en France et en Italie, dans le cadre de l’archéologie de la construction, ses thématiques de recherche sur l’analyse des dynamiques des chantiers de construction.

Sur et dans le mortier : les traces laissées lors de la construction des salles de soutènement des thermes de Longeas (Chassenon, France)

Les Thermes antiques de Longeas, à Chassenon (Charente, France), sont des thermes construits sur deux niveaux, probablement dans la première moitié du IIe s. apr. J.-C. Le rez-de-chaussée est réservé au personnel de service. Il correspond aux espaces de travail (cours de chauffe, praefurnia, salles cendriers) et aux salles de soutènement. Ces dernières sont des salles voûtées construites à la suite des murs porteurs. Leur fonction était de compenser la déclivité du sol naturel. À l’issue du chantier de construction de l’édifice, seules huit salles sur vingt-six étaient encore accessibles, toutes les autres étaient scellées. Ces espaces, aujourd’hui pour la plupart ouverts, nous offrent de fait de nombreuses traces préservées pendant près de 2000 ans : peinture de chantier, empreintes de truelle, traces de doigts, empreintes d’entrait des cintres, marques de sciage des planches de coffrage, graffiti gravés ou peints, etc. Celles-ci nous renseignent sur les gestes des artisans et sur l’ensemble des étapes de la construction de ces salles et de leur voûte, depuis le marquage de l’emplacement des murs transversaux, jusqu’au décoffrage et à l’enlèvement des cintres.

Bibliographie sélective

A. Coutelas, D. Hourcade, « Les techniques et les étapes de la construction dessalles de soutènement des thermes de Longeas (Chassenon, France) », in S. Camporeale, J. Delaine, A. Pizzo, Arqueología de la construcción V, 5th International Workshop on the Archaelogy of Roman Construction, Man-made materials, engineering and infrastructure (Anejos de Archivo Español de Arqueologìa 77), Instituto de Arqueologìa de Mérida, 2016, p. 251-274.

A. Coutelas, « La planification et le déroulement des chantiers de construction en Gaule romaine : l’apport de l’étude des matériaux non lithiques », in S. Camporeale, H. Dessales, A. Pizzo (ed.), Arqueología de la Construcción III : Los procesos constructivos en el mundo romano: la economía de las obras (Anejos de Archivo Español de Arqueologìa 64), Instituto de Arqueologìa de Mérida, 2012, p. 131-143.

A. Coutelas, « Les mortiers de chaux et de sable : produits d’un artisanat et témoins du chantier de construction », Aquitania, t. 28, 2012, p. 171-178.

A. Coutelas (dir.), S. Büttner, Ch. Oberlin, B. Palazzo-Bertholon, D. Prigent, F. Suméra, Le mortier de chaux (Collection « Archéologiques »), Éditions Errance, Paris, 2009.

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Jean-Baptiste Javel est doctorant moniteur à l’Université Bordeaux Montaigne sous la direction de Philippe Lanos (CNRS, IRAMAT-CRP2A) et Christian Gensbeitel (MCF UBM, IRAMAT-CRP2A). Sa thèse porte sur les chantiers de construction de quelques monastères de l’Aquitaine médiévale, dont l’abbaye de Cadouin (24) ou encore l’église prieurale de Saint-Eutrope de Saintes. Chaque site fait l’objet d’analyses pluridisciplinaires : archéologie du bâti, étude du décor, sondages archéologiques, analyse des matériaux et datations. Cette étude s’inscrit dans le cadre du projet Région Nouvelle-Aquitaine Monasticon Aquitaniae, coordonné par Christian Gensbeitel. En 2021, une allocation de recherche attribuée par le ministère de la Culture permettra de continuer l’examen de traces et de tracés laissés par les bâtisseurs du Moyen Âge central en Aquitaine.

Tracer : Le geste en amont du geste -Réflexions autour des traces et tracés laissées par les bâtisseurs du Moyen Âge central en Aquitaine (XIe-XIIe siècles)

Vestiges fugaces d’opérations et de gestes techniques des anciens bâtisseurs, les tracés préparatoires sont peu étudiés pour les édifices du Moyen Âge central, qui sans un examen exhaustif relèvent bien souvent de l’anecdotique. Leur caractère discret et souvent fragile les rend difficiles à observer et à enregistrer, ils représentent néanmoins un important témoin du travail des bâtisseurs du Moyen Âge central (XIe-XIIe siècles). Dans un premier temps nous balayerons les diverses traces laissées par les artisans médiévaux et les informations sur le chantier qu’elles peuvent apporter. Nous discuterons dans un second temps des difficultés relatives à leur examen : observation, identification et datation. Ensuite nous tenterons d’exposer concrètement les blocs et espaces architecturaux sur lesquels nous avons observé des tracés préparatoires et de mise en œuvre. L’objectif est de mettre en avant la multitude de ces tracés aussi bien sur les blocs de parements que sur les blocs sculptés afin de sensibiliser les chercheurs à leur présence. Enfin, à partir des nombreuses questions soulevées nous émettrons quelques pistes pour l’analyse et l’interprétation de ces tracés associés aux gestes effectués par les bâtisseurs. En complément avec une étude métrologique, l’analyse des tracés pourrait s’avérer être une porte d’entrée pour aller plus loin dans l’appréhension des modules, des outils et unités de mesures employés sur les chantiers du Moyen Âge central.

Bibliographie sélective

E. Baillieul, « Sculpture De l’usage des modèles dans la sculpture de la première moitié du XIIe siècle », in Bulletin Monumental, 173-3, 2020.

D. Borlée et L. Terrier-Aliferis (éd.), « Les modèles dans l’art du Moyen Âge (XIIe-XVe siècle)», in Les études du RILMA, 10, Brepols, 2018, p. 284.

Centre international de recherches glyptographiques (éd.), La pierre comme porteur de messages du chantier de construction et de la vie du bâtiment, Actes du XXIe Colloque International de Glyptographie, 8 au 14 juillet 2018, Amay, Belgique, Bruxelles, Éditions Safran, 2019, p. 404.

L. Huang, L’abbatiale Sainte-Foy de Conques (XIe-XIIe siècles),thèse de doctorat sous la direction de Quitterie Cazes et de Florence Journot, Université Paris 1, 2 vol., 2018.

C. Lalbat, G. Margueritte, J. Martin, « De la stéréotomie médiévale : la coupe des pierres chez Villard de Honnecourt », in Bulletin Monumental, 145, 1987, p. 387-406.

C. Lalbat, G. Margueritte, J. Martin, « De la stéréotomie médiévale : la coupe des pierres chez Villard de Honnecourt (II) », in Bulletin Monumental, 147, 1989, p. 11-34.

E. Vergnolle, « Un carnet de modèles de l’an mil originaire de Saint –Benoît-sur-Loire (Paris, Bibl. nat. 8318 + Rome, Vat. Reg. lat. 596) », in Arte médiévale, 2, 1984, p. 23-56.

Jean Wirth, Villard de Honnecourt, architecte du XIIIe siècle, Paris, Librairie Droz, 2015