Seminaire

Séminaire Histoire de la construction

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Séminaire  Histoire de la construction :

Les sources du chantier

 

Organisé par

  • le Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (LAMOP – UMR 8589, Université Panthéon-Sorbonne – Paris 1),
  • le Centre de théorie et analyse du droit (CTAD – umr 7074, Université Paris Ouest Nanterre La Défense – Paris 10)
  • Le Laboratoire Archéologie et Philologie d’Orient et d’Occident (UMR 8546, ENS-CNRS-EPHE)

avec le soutien du laboratoire d’excellence TransferS.

Lundi 15 mai 2017 et 10h à 17h30

Lieu :

Université de recherche Paris Sciences et Lettres
PSL, salle de séminaire
60 rue Mazarine, 75006 PARIS
métro : Saint-Germain des Près, Mabillon ou Odéon

10h Introduction

10h15 Hélène Dessales, Ecole normale supérieure-PSL, AOROC-UMR 8546 / IUF

Un bâtiment ordinaire, une source extraordinaire : la lex parieti faciendo (105 av. J.-C.)

11h15 Pauline Ducret, Université de Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis

La correspondance de Cicéron :une source fragmentaire mais précieuse sur les chantiers privés romains

12h30-14h Déjeuner

14h Paulo Charruadas et Philippe Sosnowska (avec Michel de Waha et Jean-Louis Vanbelle), Centre de recherche en Archéologie et Patrimoine de l’Université libre de Bruxelles

Le monde de la construction dans les anciens Pays-Bas. Les notes personnelles du conseiller des Finances Nicolas de Brouchoven (1683-1714)

15h Robert Carvais, CNRS, Centre de théorie et analyse du droit – UMR 7074

La fécondité des rares sources d’entreprises de construction à l’aube du XIXe siècle pour l’histoire du chantier : les papiers de l’entrepreneur des travaux publics rennais Pierre-Théodore-Marie Louise (1782-1841)

16h 15

Revue de publications récentes sur l’histoire de la construction

Atelier : Bernard Duprat et de François Fleury sur « Calculer la portée des claveaux et la largeur des piédroits des arcs et voûtes : la méthode géométrique de l’ingénieur Antoine d’Alleman, XVIIIe siècle »

Résumés

Maître de conférences en archéologie à l’Ecole normale supérieure, Paris – PSL Research University, Hélène Dessales est spécialiste de l’histoire des techniques dans le monde romain, plus particulièrement des  ouvrages hydrauliques et des chantiers de construction. Ancien membre de l’Ecole française de Rome, membre junior de l’Institut Universitaire de France depuis 2013, elle appartient au laboratoire AOROC (UMR 8546, CNRS-ENS) et coordonne plusieurs projets collectifs sur le site de Pompéi : projet structurant PSL « Pompéi 3D » (Villa di Diomede), ANR « RECAP » (Reconstruire après un séisme. Expériences antiques et innovations à Pompéi), programme du labex TransferS ACoR (Atlas des techniques de la construction romaine).

Un bâtiment ordinaire, une source extraordinaire : la lex parieti faciendo

Beaucoup de bruit pour rien, ou pour bien peu de choses, telles sont les réserves émises par plusieurs commentateurs du XVIIIe siècle sur la fonction de cette inscription aussi célèbre qu’intrigante, la Lex parieti faciendo. Elle constitue le cahier des charges le plus complet qui nous ait été transmis pour l’époque romaine, relatif à un chantier édilitaire dans la colonie de Pouzzoles, en 105 av. J.-C. D’une grande précision quant à la nature des travaux et à l’usage des matériaux de construction, le texte se rapporte à une intervention en réalité assez limitée : la construction d’un mur d’enceinte et d’un portail dans un espace aux abords du temple de Sérapis, dont nous n’avons plus aucune trace archéologique. Contrastant avec la nature de cette réalisation « ordinaire », le caractère exceptionnel de l’inscription a suscité diverses tentatives de restitutions graphiques de la fin du  XVIIIe siècle à la fin du XIXe siècle, dont nous tenterons de préciser les modalités d’interprétation (Piranèse, 1761 ; P. Marquez, 1803, A.N. Caristie, T.L. Donaldson, 1833, C. Boetticher, 1863 ; T. Wiegand, 1895 ; A. Choisy, 1873).

Bibliographie

Pour une bibliographie complète d’Hélène Dessales :

voir http://www.archeo.ens.fr/spip.php?article187

Articles en lien avec la séance du séminaire :

– H. Dessales, « Les savoir-faire des maçons romains, entre connaissance technique et disponibilité des matériaux. La connaissance des roches et son application par les structores. Le cas pompéien », in Monteix N., Tran N. (dir.), Les savoirs professionnels des hommes de métier romain (Ecole française de Rome, 12-13 octobre 2009), Collection du Centre Jean Bérard, 37, Naples, 2011, p. 41-63.

– H. Dessales, « L’architecture prise en défaut : les malfaçons dans les bâtiments romains », in Bourdin S., Dubouloz J., Rosso E. (dir.), Peupler et habiter l’Italie et le monde romain. Etudes d’histoire et d’archéologie offertes à Xavier Lafon, Archéologies méditerranéennes, Aix-en-Provence, 2014, p. 157-162.

– H. Dessales, « Une ville à dessiner : architectes et topographes à Pompéi », in Osanna M., Caracciolo M.T., Gallo L. (dir.), Pompéi et l’Europe. 1748-1943 (Naples, Museo Archeologico Nazionale, Pompei, Anfiteatro, 27/5-2/11/2015), Milan, 2015, p. 117-126.

– H. Dessales, « La Lex parieti faciendo : de l’usage du vocabulaire de la construction à sa diffusion », dans Robert R. (dir.), Dire l’architecture (Aix-en-Provence, 28-30 octobre 2010), 2016, p. 381-410.

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Pauline Ducret est doctorante en Histoire ancienne à l’Université Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis et prépare, sous la codirection de C. Saliou (Professeur, Université Paris 8) et S. Camporeale (Professore Associato, Università degli Studi di Sienna) une thèse dédiée à l’étude des chantiers de la Rome républicaine.

 La correspondance de Cicéron : une source fragmentaire mais précieuse sur les chantiers privés romains

Les sources textuelles, littéraires comme épigraphiques, sont bien rares pour appréhender les chantiers de la construction romaine privée, et ne constituent le plus souvent que de brefs passages isolés difficiles à remettre en contexte. Un dossier propose cependant un panorama plus complet, bien qu’encore très fragmentaire : des lettres que Cicéron a écrites, entre novembre 68 et novembre 44 av. J.-C., à divers correspondants et qui ont été publiées après sa mort en plusieurs recueils.

Le goût de Cicéron et de son frère Quintus pour les biens fonciers, urbains comme ruraux, qu’ils achètent, (re)construisent et vendent au gré de leurs finances, permet de suivre, sur quelques décennies, plusieurs chantiers majeurs et de reconstituer ainsi une partie du monde de la construction privée en cette fin de République. La mise en place du projet, la direction de la construction, la durée et les temps du chantier sont autant de thèmes sur lesquels cette correspondance apporte de précieuses informations et qui permettent finalement, malgré la disparité des sources, de proposer une première comparaison entre le déroulement des chantiers privés et celui des chantiers publics, dans le monde romain, au Ier siècle av. J.-C.

 Publications liées à l’histoire de la construction :

– P. Ducret, « The restoration of the columns of the templum Castoris during Verres’ praetorship: machina and organisation of the building site », dans S. Camporeale, J. DeLaine  et A. Pizzo,  Arqueología de la construcción V. Man-made materials, engineering and infrastructure (Oxford,  University of Oxford, Ioannou Center,   11-12/05/2015), Anejos del AEspA, Merida, 2016, p. 201-208.

– P. Ducret, « Une machine au service d’un chantier de restauration : le redressement des colonnes du temple des Castors à la fin de la République », dans P. Fleury, S. Madelaine et K. Sammour, Autour des machines de Vitruve. L’ingénierie romaine : textes, archéologie et restitution (Caen, 03-04/06/2015), Caen, à paraître.

– P. Ducret, « Remplois d’éléments architecturaux volés et innovations architecturales : l’introduction du marbre dans la Rome tardo-républicaine », MEFRA, à paraître.

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 Paulo Charruadas et Philippe Sosnowska sont chercheurs en histoire de la construction et en archéologie du bâti au Centre de recherche en Archéologie et Patrimoine de l’Université libre de Bruxelles. Leurs travaux portent sur l’histoire matérielle de Bruxelles et du Brabant.

Le monde de la construction dans les anciens Pays-Bas. Les notes personnelles du conseiller des Finances Nicolas de Brouchoven (1683-1714)

Les Archives générales du Royaume de Belgique (Bruxelles) sont les dépositaires d’un manuscrit inédit et anonyme rédigé au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles. Son caractère pratique et empirique le distingue des traités théoriques d’architecture traditionnellement mis en avant par la recherche en histoire de la construction. Il offre un regard exceptionnel sur la pratique constructive dans les anciens Pays-Bas espagnols. L’ambition de l’auteur n’est en effet pas de présenter les règles d’une architecture savante, mais bien d’accumuler au sein d’un manuel facilement consultable une somme d’informations diverses sur le secteur du bâtiment. Ainsi catalogue-t-il les différents matériaux de construction (terres cuites architecturales, chaux, pierres de taille, ardoises et marbre, bois, fer de construction, etc.) en n’omettant pas d’en préciser les qualités ou les défauts, les prix, les lieux d’approvisionnement, et parfois même les fournisseurs.

L’objectif de cette communication est double : (1) présenter le manuscrit, en cours d’édition dans les collections de la Commission royale d’Histoire de Belgique, ainsi que son auteur, qui a pu être identifié formellement grâce à certaines indications contenues dans le texte ; (2) exposer certaines informations de première importance pour l’histoire de la construction, en particulier la géographie complexe des matériaux et le discours technique sur les qualités et surtout les prix de ces produits. Ceci afin d’ouvrir la voie à la comparaison avec d’autres documents apparentés.

Bibliographie :

– Charruadas, P. et Demeter S. (2011). Pour une archéologie régionale du bâti. Les enjeux d’une meilleure gestion de l’architecture ancienne à Bruxelles, Brussels Studies 52 (3 octobre 2011), http://www.brusselsstudies.be/medias/publications/BruS52FR.pdf

– Charruadas, P., et Sosnowska, P. (2013), « Petit béguinage et architecture vernaculaire. Étude archéologique d’un pan-de-bois du XVe siècle conservé dans l’actuel musée du Béguinage à Anderlecht », Revue belge d’Archéologie et d’Histoire de l’Art 82, p. 5-44.

– Charruadas, P. et Sosnowska, P. (2013), “‘Petrification’ of Brussels architecture. An attempted explanation between construction methods, supply of building materials and social changes (13th-17th centuries)”, 17th Vienna Conference on Cultural Heritage and New Technologies: Urban archaeology and Excavations. W. Börner and S. Uhlirz. Vienne (5-7 nov. 2012), Museen der Stadt Wien – Stadtarchäologie, http://www.chnt.at/petrification-of-architecture-in-brussels/.

– Fraiture, P., Charruadas, P., Gautier, P., Piavaux, M. et Sosnowska, P., eds (2016). Between carpentry and joinery: Wood Finishing Work in European Medieval and Modern Architecture. Scientia Artis, 12. Bruxelles, Royal Institute for Cultural Heritage.

– Sosnowska, P. (2016), “C’est au pied du mur qu’on voit le maçon… Savoir-faire et mise en œuvre des maçonneries à Bruxelles du XVe au XVIIIe siècle au travers d’une approche des formats de briques, des épaisseurs de murs et de l’appareillage », in Fr. Fleury et al., Les temps de la construction. Processus, acteurs, matériaux, Actes du Deuxième Congrès francophone d’Histoire de la Construction. Paris, Picard, p. 807-818.

– Sosnowska, P. et Goemaere E. (2016), “The reconstruction of Brussels after the bombardment of 1695: an analysis of the recovery through an archaeological and historical study of the use of bricks”, Construction History 31(2), p. 59-80.

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Robert Carvais, historien du droit, directeur de recherches au CNRS (UMR 7074 – Université Paris Nanterre), directeur-adjoint du Centre de théorie et analyse du droit (CTAD), enseigne le droit dans les Ecoles nationales supérieures Paris-Malaquais et La Villette et est président de l’Association Francophone d’Histoire de la Construction. Il oriente ses recherches autour de la confrontation de sa discipline avec l’histoire des sciences et des techniques et vise à retracer la constitution des savoirs juridiques tant à travers l’étude des sources théoriques que des normes pratiques dans les champs médical, constructif et du travail en général. Il a co-dirigé le premier Congrès francophone d’histoire de la construction (Edifice & Artifice) et le 4ICCH (Nuts & Bolts of Construction History). Il a piloté l’édition en ligne des Cours d’Antoine Desgodets (www.desgodets.fr) et dirige actuellement un projet sur l’expertise parisienne du bâtiment aux XVIIe et XVIIIe siècles. Sa thèse d’Etat sur la Chambre royale des bâtiments doit paraître chez Droz. Il envisage d’écrire une Introduction historique au droit des bâtiments.

La fécondité des rares sources d’entreprises de construction à l’aube du XIXe siècle pour l’histoire du chantier : les papiers de l’entrepreneur des travaux publics rennais Pierre-Théodore-Marie Louise (1782-1841)

Depuis une dizaine d’années, le chantier de construction fait l’objet d’un intérêt tout particulier de la part des historiens, qu’ils soient de la construction bien sûr, mais aussi de l’art. Il constitue sans nul doute un point de focalisation légitime car c’est le lieu où se nouent les interactions de tous les acteurs de l’art de bâtir du commanditaire à l’ouvrier, en passant par les architectes, les artisans-entrepreneurs, les ingénieurs. Il entretient des relations étroites avec une nébuleuse périphérique constituée des lieux approvisionnement des matériaux, des agences d’architectes, des bureaux d’études, des agences d’intérim, des ateliers des artisans, etc. dont on peut comprendre qu’il en fait partie intégrante. L’épaisseur de son espace-temps est souvent saisie furtivement et figée dans des représentations picturales (gravures, peinture, photographies, etc.) qui font l’objet ces derniers temps de nombreuses journées d’études et d’expositions à venir. Par ailleurs, parallèlement à ces échanges professionnels et humains, le chantier exacerbe les gestes et processus techniques et se révèle également un territoire social. Pour saisir ces trois facettes du chantier sur un temps long (la confluence professionnelle, l’exercice des techniques et un ordre social), les archives d’entreprise se révèlent d’une exceptionnelle richesse, d’autant qu’elles sont rarement conservées pour des périodes aussi anciennes que le début du XIXe siècle. Nous tenterons de le démontrer à partir des papiers de l’entreprise rennaise Louise.

 Bibliographie récente :

– « Savot, précurseur de Desgodets. La première publication juridique de l’art de bâtir », in Penser la technique autrement. En hommage à l’œuvre d’Hélène Vérin, (sous la direction de) avec Anne-Françoise Garçon et André Grelon, Paris, Classiques Garnier, 2017, p. 379-420.

– (avec Michela Barbot) « Les livres sur le toisé et l’estimation en France et en Italie (XVIe-XIXe siècle) : circulations, continuités, ruptures » in Liliane Hilaire-Pérez et al. (dir.), Le livre technique avant le XXe siècle. A l’échelle du monde, Paris, Ed. du CNRS, 2017, p. 243-260.

– « Une relecture de l’œuvre écrite de Philibert de L’Orme ou la résolution de l’expertise », in Fr. Fleury, L. Baridon, A. Mastrorilli, R. Mouterde, N. Reveyron, Les temps de la construction. Processus, acteurs, matériaux, Recueil de textes issus du Deuxième Congrès Francophone d’Histoire de la Construction, Lyon, 29-31 janvier 2014, Paris, Picard, 2016, p. 225-237.

– « French architects’ use of the law », in Katie Llyod Thomas, Tilo Amhoff and Nick Beech (eds), Industries of Architecture, Oxon, Routledge, 2016, p. 213-221 [vol. 11, AHRA, Critiques: critical Studies in architectural Humanities. A project of the Architectural Humanities Research Association]

– « Comment les erreurs de conversion de mesure se propagent-elles ? » recension de l’article de Juergen Schulz « Measure for Measure », Anali di Architettura, n° 24, p. 179-184 dans le Bulletin monumental, 2016, t. 174-3, p. 390-392.

– “How Can Law Strengthen and Explain Construction History?” In Livro de Actas do 2º Congresso Internacional de História da Construção Luso-Brasileira – “Culturas Partilhadas”, Rui Fernandes Póvoas e João Mascarenhas Mateus et al. (eds.), Porto, 2016, 2 vol., t. 1, p. 33-42.

– (avec Philippe Bernardi), “La question de la preuve en architecture: La controverse de Bédoin (vers 1730) », in Stefano Piazza (a cura di), Saperia a confronto. Consulte e perizie sulle criticà strutturali dell’architettura d’età moderna (XV-XVIII secolo), Palermo, Edizioni Caracol, 2015, p. 127-148. [Frammenti di Storia e Archittetura – D, vol. 15].

– « Mesurer le bâti parisien à l’époque moderne. Les enjeux juridiques et surtout économiques du toisé », Histoire urbaine, n° 43, juillet 2015, p. 31-54.

– (avec Valérie Nègre) « Parisian Surveyors (1690-1792): Founding an Expert Corps » in Brian Bowen, Donald Friedman, Thomas Leslie and John Ochsendorf (eds.), Proceedings of the Fifth International Congress on  Construction History, Chicago, 2015, 3 vol. , t. 1, p. 383-394.

– “Le jardin comme objet de droit”, in R. Carvais, A. Deroche et D. Salles (dir.), Études offertes à Jean-Louis Harouel. Liber amicorum, Paris, Éditions de l’Université Panthéon-Assas, 2015, p. 597-612.

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B. Duprat, F. Fleury
Calculer la « portée » des claveaux et la « largeur » des piédroits des arcs et voûtes : la méthode géométrique de l’ingénieur Antoine d’Alleman, XVIIIe siècle.

La bibliothèque Inguimbertine de Carpentras conserve les manuscrits inédits de l’ingénieur Antoine d’Alleman (1679-1760). Celui-ci, « chevalier et citoyen de cette ville », alors capitale du Comtat Venaissin, eut une longue carrière de géomètre topographe et d’hydraulicien. Il conçut et dirigea d’importants travaux publics à l’instar de ceux qui étaient dévolus aux ingénieurs du roi : routes, digues, canaux, aqueducs et alimentation en eau des villes, cartographie du territoire. Il dressa aussi les projets d’édifices importants à Carpentras et à Orange, ainsi que celui d’une église dans l’île de Minorque.

Ses manuscrits montrent la diversité de ses préoccupations théoriques, scientifiques et techniques, et le travail présenté ici en étudie un point particulier relatif aux arcs et voûtes.

Parmi les différentes méthodes de dimensionnement de leurs éléments élaborées et discutées au XVIIIe siècle, celle exposée par Antoine d’Alleman dans le manuscrit Ms 1127 présente la particularité de recourir à la détermination géométrique de la moyenne proportionnelle entre deux quantités dûment choisies. En appliquant cette méthode à différents types d’arcs et en faisant dériver les calculs les uns des autres, l’ingénieur d’Alleman lui donne une portée générale et un formalisme que les seules considérations de stabilité ne justifient pas.

Cette première analyse vise à expliciter et à évaluer cette méthode, conçue pour déterminer des optimums qualifiés par d’Alleman lui-même de « moindres épaisseurs ». On la confronte d’un côté aux principales méthodes équivalentes publiées depuis le XVIIe siècle (Huerta 2004) pour en discerner l’originalité et les fondements, et de l’autre au dimensionnement actuel visant un niveau de sécurité considéré comme acceptable aujourd’hui.