Séminaire Histoire de la construction

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Organisé par
Le Centre de théorie et analyse du droit (CTAD) UMR 7074, CNRS – Université Paris Nanterre
Le Laboratoire Archéologie et Philologie d’Orient et d’Occident (UMR 8546, ENS-CNRS-EPHE)
et
Le laboratoire Orient & Méditerranée. Textes Archéologie Histoire (UMR 8167, CNRS-Sorbonne Université-
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

avec le soutien de l’EUR Translitteræ.
Mardi 5 avril 2022
de 10h à 17h

Construire soi-même

Lieu :
Pavillon de l’Arsenal
21, Bd Morland, 75004 PARIS
métro : Sully-Morland ou Bastille

10h Introduction
10h15 Guy Lecuyot, Laboratoire d’archéologie de l’École normale supérieure, AOROC UMR 8546 CNRS-ENS-PSL
Le pharaon bâtisseur.
11h15 Gilbert Richaud, Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA, UMR 5190)
François Cointeraux (1740-1830) ou apprendre « soi-même à bâtir (…) avec la terre seule ».
12h30-14h Déjeuner
14h Caroline Maniaque, Ensa Normandie, laboratoire ATE (Architecture, territoire, environnement)
Autoconstruire son abri à travers des publications emblématiques des années 1970.
15h Armelle Choplin, Université de Genève
Construire la ville incrémentale en Afrique de l’Ouest : de la terre au béton.
16h15 Revue de publications récentes sur l’histoire de la construction2

Résumés

Guy Lecuyot, architecte archéologue, IRHC au CNRS entre 1983 et 2015 est actuellement chercheur associé au laboratoire d’archéologie de l’École normale supérieure, AOROC UMR 8546 CNRS-ENS-PSL. Il a participé à de nombreuses missions archéologiques, principalement en Égypte à Thèbes-ouest (Vallée des Reines, Ramesseum, Montagne thébaine) à Tôd, à Saqqara et à Tell el-Fara’in/Bouto, mais aussi en Syrie (Doura Europos) et en Asie Centrale (Samarkand). Sur les chantiers de fouille dont il a eu la responsabilité, au-delà des contextes archéologiques et architecturaux, il s’est aussi intéressé au matériel et en particulier à la
céramique.
Le pharaon bâtisseur
Dans l’ancienne Égypte, le pharaon qui concentre tous les pouvoirs en régnant sans partage sur le pays est tout naturellement le commanditaire des principales constructions mises en œuvre dans les territoires qui relèvent de son autorité. Plus surprenant en revanche, des représentations montrent ce souverain au caractère sacré, incarnation d’Horus sur terre et « fils » du dieu Rê comme le proclame sa titulature, participant d’une façon active à la fondation et la construction/édification des temples. Ici, le « construire soi-même » revêt alors une portée symbolique, gage du respect des traditions et des rituels anciens.
Bibliographie sélective
— G. Lecuyot, « Le sanctuaire du Ramesseum. Fouille 1997-1999 », Memnonia XI, 2000, p. 117-130 et pl. XVIII-XXV ; Fouille 2000-2003 », Memnonia XIV, 2003, p. 93-115 et pl. XI-XX.
— G. Lecuyot, L’habitat, Fouilles d’Aï Khanoum IX, Mémoire de la Délégation Archéologique Française en Afghanistan XXXIV, Paris, 2014.
— G. Lecuyot, « Le Deir el-Roumi, le topos chrétien », Memnonia XXVII, 2016, p. 91-97, pl. XXXII-XXXVIII.
— A. Delattre, G. Lecuyot, « À qui et à quoi servaient les « ermitages » des vallées sud-ouest de la montagne thébaine ? », in P. Buzi, A. Camplani, F. Contardi (éd.), Actes of the Tenth International Congress of Coptic Studies, Rome 17th – 22th September 2012, Orientalia Lovaniensia Analecta 247, Louvain, Paris Bristol, 2016, p. 709-718.
— M. Abd el-Rafa Fadl, W. Ibrahim Abd el-Nabi, G. Lecuyot, B. Redon, « A New Ptolemaic Bath Building at Buto/Tell et-Fara‘in – A Preliminary Report », in B. Redon (éd.), Collective Baths of Egypt 2 New Discoveries and Perspectives, Études Urbaines 10, Le Caire, 2017, p. 25-40.
—P. Ballet, Fr. Béguin, G. Lecuyot, A. Schmitt, Recherches sur les ateliers romains de Bouto. Prospections et sondages (2001-2006), Bouto VI, Archäologische Veröffentlichungen 110, Le Caire, 2019.
— G. Lecuyot, « Les annexes sud-ouest du Ramesseum. Aperçu des travaux 2006-2010 », Memnonia XXI, 2010, p. 109-125 et pl. LVIII-LXI ; « Le secteur STF des annexes sud-ouest du Ramesseum (2011-2018) », Memnonia XXX, 2019, p. 69-86, pl. VIII-XVI.
— G. Lecuyot, « Ai Khaoum, between East and West – a composite architecture », in R. Mairs (éd.), Graeco-Bactrian and Indo-Greek states, ‘Routledge Worlds’ series, 2020, p. 539-552.
— G. Lecuyot, participation A. Delattre, A.-B. Pimpaud, C. Thirard, « Dans la Montagne thébaine … aperçu des prospections menées entre 2003 et 2012 », Memnonia 31, 2021, p. 93-104, pl. XXI-XXV.3
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Gilbert Richaud est architecte, docteur en histoire de l’art et chercheur associé au Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA, UMR 5190). Il a enseigné l’histoire de la construction à l’Université Lyon 2. Il a co-organisé plusieurs colloques et publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages sur ce sujet : avec L. Baridon et J.-Ph. Garric, (dir.), Les leçons de la terre, François Cointeraux (1740-1839) professeur
d’architecture rurale
(INHA, Les éditions des cendres, 2016), avec L. Cellauro, Palladio and Concrete, Archeology, Innovation, Legacy (« L’Erma » di Bretschneider, Rome-Bristol, 2020).
François Cointeraux (1740-1830) ou apprendre « soi-même à bâtir (…) avec la terre seule » Autoproclamé professeur d’architecture rurale à Paris, sous la Révolution et l’Empire,
François Cointeraux se consacra avec ferveur et obstination à enseigner et diffuser la technique du pisé de terre, pour édifier tous types de bâtiments pour les riches propriétaires comme pour les plus pauvres, pour les faubourgs comme pour les campagnes. Il avait lui-même pratiqué cette technique vernaculaire particulièrement répandue dans le sud-est de la France, comme entrepreneur, maître-maçon puis architecte à Lyon pendant plus de vingt ans. A partir de 1790, il publia ses quatre Cahiers de l’école d’architecture rurale qui seront diffusés en France, en Europe, en Amérique, en Australasie et dans les colonies. Le premier cahier indique dès l’origine qu’il s’agissait de « leçons par lesquelles on apprendra soi-même à bâtir solidement (…) avec la terre seule ». A partir de cette indication, cette présentation cherchera à comprendre comment l’idée de bâtir soi-même en terre fut mobilisée par Cointeraux pour être mise au service de la diffusion de cette technique mais aussi de l’innovation à travers plus de 70 de ses publications.
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Caroline Maniaque est Professeur HDR des Ecoles d’architecture (ENSA Normandie) et directrice du laboratoire ATE (Architecture, territoire, environnement), Université de Normandie, et chercheur associé à Ipraus/UMR Ausser (CNRS 3329)-Université Paris-Est. Elle a été chercheur invité au Centre canadien de l’architecture (elle a participé à l’exposition 1973 « Désolé plus d’essence ») ainsi qu’au Center for Advanced Study in the Visual Arts (National Gallery of Art, Washington, DC). Elle est l’auteur de Le Corbusier et les maisons Jaoul (Picard, 2005), French Encounters with the American Counterculture 1960–1980 (Ashgate, 2011), Go West. Les architectes au pays de la contreculture (Parenthèses, 2014) ; Whole Earth Field Guide (MIT Press, 2016, avec M.Gaglio). Elle a été co-commissaire, avec Eléonore Marantz et Jean-Louis Violeau, de l’exposition, « Mai 68. L’architecture aussi ! » (Cité de l’architecture et du patrimoine, 2018). Son dernier ouvrage, L’aventure du Whole Earth Catalog, est publié aux éditions Les productions du EFFA, 2021
(http://lesproductionsdueffa.com/laventure-du-whole-earth-catalog/)
Autoconstruire son abri à travers des publications emblématiques des années 1970
Pour comprendre l’engouement des architectes pour le Whole Earth Catalog (1968-1972), il suffit de regarder les 27 pages de la section « Shelter » (Abri) – de la page 85 à 110 – et les livres dont elle fait la promotion, tous aptes à satisfaire le bricoleur, l’autoconstructeur. On peut y trouver notamment les manuels expliquant toute sorte de structures légères. La section « Shelter » (et le catalogue éponyme de 1973) offre une gamme de textes de toutes sortes. Les manuels à destination des charpentiers et des menuisiers y sont largement
représentés. Leur juxtaposition à diverses autres sources confère de nouveaux sens. La stratégie consistant à créer des effets complexes en disposant des articles sur la même page est hautement développée. L’aspect opérationnel est d’emblée souligné : nous entrons dans le monde des solutions pratiques. L’habileté des rédacteurs est donc de rendre attractif les ouvrages et les outils proposés à un large panel de lecteurs, qu’ils soient architectes, constructeurs du dimanche, ou adeptes du retour à la terre.
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Armelle Choplin est professeure au Département de géographie et environnement de l’Université de Genève depuis 2019. Après un doctorat en géographie et aménagement (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), elle a été Maîtresse de Conférences à l’Université Paris-Est et à l’Ecole d’Urbanisme de Paris. De 2016 à 2018, elle a été chercheure à l’Institut de Recherche pour le Développement, affectée au Bénin. Ses recherches portent sur la production de l’urbain en Afrique de l’Ouest. Elle est l’auteure de La Mondialisation des Pauvres, Loin de Wall Street et New York (2018, Seulil, with Olivier Pliez), Matière Grise de l’urbain, la Vie du ciment en Afrique (2020, MétisPresses) et Concrete City, Material Flows and Urbanisation in West Africa (2022, Wiley).
Construire la ville incrémentale en Afrique de l’Ouest : de la terre au béton
L’Afrique connaît aujourd’hui une croissance urbaine rapide qui se traduit par une multiplication des constructions en béton. Ce matériau est devenu le symbole de cette urbanisation frénétique qui bouleverse le paysage des villes africaines. Plus qu’une simple matière inerte, il se charge d’affect et de valeurs et redéfinit les pratiques et les imaginaires de sociétés en quête d’émergence économique et de réussite sociale. Il est également au coeur de la production incrémentale de la ville. L’urbain se construit au jour le jour, brique
de ciment après brique de ciment, selon des pratiques d’autoconstruction. Ce séminaire permettra d’analyser ces pratiques, à la fois communes et anciennes, mais qui se renouvellent avec l’usage intensif du béton. Il s’agira également d’interroger d’autres modes de construction possibles, et notamment le rôle des matériaux dits locaux comme le bois et la terre dans cette production incrémentale de l’urbain.
Bibliographie sélective
– Caldeira, T. P. (2017). Peripheral urbanization: Autoconstruction, transversal logics, and politics in cities of the global south. Environment and Planning D: Society and Space, 35(1), 3 20. https://doi.org/10.1177/0263775816658479
– Canel P, Delis P and Girard C (1990) Construire la ville africaine: histoires comparées de chantiers d’habitation autoproduits. Paris: L’Harmattan.

Choplin, A. (2020) Matière grise de l’Urbain. La vie du ciment en Afrique, Genève : MétisPresses.
– De Boeck, F., Baloji S. (2015) The Tower. A Concrete Utopia. Notes on a video-installation
– De Boeck F., Baloji S. (2016) Suturing the City. Living Together in Congo’s Urban Worlds. London: Autograph ABP.
– Gastrow, C. (2017). “Cement citizens: Housing, demolition and political belonging in Luanda”, Angola. Citizenship Studies, 21(2), p. 224- 239. https://doi.org/10.1080/13621025.2017.1279795
– Laureau, V. (2020). Apprendre de Bamako: un quartier urbain autoconstruit en terre. Paris: L’Harmattan.
– Morton, D. (2019). Age of concrete. Housing and the shape of aspiration in the capital of Mozambique. New African histories. Ohio University Press, Athens.
– Vandermeeren, O. (2020). Construire en terre au Sahel aujourd’hui. Museo.
– Van Noorloos, F., Cirolia, L. R., Friendly, A., Jukur, S., Schramm, S., Steel, G. and Valenzuela, L. (2020). “Incremental housing as a node for intersecting flows of city-making : Rethinking the housing shortage in the global South”. Environment and Urbanization, 32(1), p. 37-54. https://doi.org/10.1177/0956247819887679